Du 7 au 18 juin 1944, état des positions alliéesLeurs positions sont encore fragiles et leur adversaire, d'abord
surpris, n'a pas tardé à réagir.
Commence alors la bataille pour la consolidation et l'extension
de la tête de pont. La dizaine de jours à venir va se révéler décisive.
Pour les Anglo-Américains, il s'agit de débarquer le maximum
de troupes le plus rapidement possible, tout en retardant l'arrivée
des renforts ennemis vers les côtes normandes.
Dans un rayon de 300km autour de la tête de pont alliée,
la Wehrmacht dispose de vingt-sept divisions, dont quatre panzers,
qu'elle peut engager dans la bataille en quelques jours, bénéficiant
ainsi d'un incontestable avantage numérique.
Réduits à se battre à un contre deux, les Alliés risquent fort,
dans ces conditions, d'être brutalement rejetés à la mer.
Mais l'action conjuguée et terriblement efficace de l'aviation
alliée et de la Résistance française va brouiller les cartes.
Sur les routes, les convois allemands sont la proie des bombardiers,
légers, chasseurs et chasseurs-bombardiers anglo-américains
qui s'abattent impitoyablement sur eux, ne laissant que carcasses
calcinées et cadavres après leur passage. Pour échapper au carnage,
les Allemands sont rapidement contraints de se déplacer de nuit.
Mais celle-ci est propice aux coups de main des Résistants,
qui retardent davantage encore l'arrivée des renforts
vers le front normand.
De son côté, la Résistance française a entamé l'opération "Tortue".
Elle retarde par tous les moyens, c'est-à-dire le sabotage des ponts,
des routes, des voies ferrées, des gares, carrefours, la progression
des unités allemandes convergeant vers le front normand.
Dans les deux semaines qui suivent le Jour-J, les Alliés débarquent
de nouvelles troupes, au rythme de 30000 hommes, 7000 véhicules et
30000 tonnes d'approvisionnements en moyenne par jour. A l'abri des
brise-lames (Gooseberries), mis en place devant chacune des cinq plages
de débarquement en sabordant de vieux navires, des embarcations de
toutes tailles se livrent à un incroyable ballet. En mer, de gros cargos
déchargent du matériel sur des bacs métalliques, les "Rhinos ferries",
ou des camions amphibies "DUKW" qui assurent le transit jusqu'aux
plages. D'autres navires, à fond plat, les LST et LSI, "Landing Ship
Tank et "Landing Ship Infantry", s'échouent sur les plages
et de leurs étraves sortent en masse chars, camions et soldats.
En face d'Arromanches et de Saint-Laurent a commencé le montage
de deux ports artificiels (Mulberries). A Port-en-Bessin comme
à Sainte- Honorine-des-Pertes, le dispositif PLUTO, pour "Pipe-Line
Under The Ocean", permettra bientôt, grâce à un système de pipelines
flexibles, de transférer directement le carburant des pétroliers
jusqu'aux dépôts aménagés à terre.
La brèche laissée ouverte entre Sword et Juno est fermée dès le 7 juin.
Le lendemain, à Port-en-Bessin, le contact est établi entre la 50ème
Division britannique, débarquée sur Gold Beach, et la 1ère Division
US, débarquée sur Omaha Beach. Les Britanniques s'enfoncent
à l'intérieur des terres à la fois vers l'ouest, en direction d'Isigny,
et vers le sud, jusqu'à Caumont-l'Eventé, à 30km de la côte. De l'autre
côté de la tête de pont alliée, les 5ème et 7ème Corps US établissent
leur jonction le 10 juin à Auville-sur-le-Vey et attaquent Carentan,
un important noeud routier entre Omaha et Utah défendu
par la 17ème Division panzergrenadiere SS. La ville tombe
aux mains de la 101ème Division aéroportée US le lendemain,
le 11 juin 1944.
Les Alliés contrôlent désormais une unique tête de pont homogène,
large d'une centaine de kilomètres, allant de Quinéville, à l'ouest,
jusqu'à la Dives, à l'est.
Le 18 juin, 600000 soldats et 100000 véhicules alliés auront débarqué.
Leur montée en puissance s'est révélée nettement plus rapide que celle
des Allemands.
Amitiés