6 juin 1944, mon débarquement (le devoir de mémoire)
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6 juin 1944, mon débarquement (le devoir de mémoire)

Le jour le plus long, aussi bien vu du côté Allemand que de celui des alliés. Ce n'est pas Band of Brothers ni même le Soldat Ryan!
 
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 Analyse des principaux généraux

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severlow
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MessageSujet: Analyse des principaux généraux   Analyse des principaux généraux Horlog10Ven 20 Juin - 1:35

Les commandants en chef


Le maréchal von Rundstedt, fantassin, âgé de 68 ans
en 1944, était le doyen du corps d'officiers allemands. Il avait été
mis à la retraite avant la guerre, fut plusieurs fois rappelé et
renvoyé, toujours sous prétexte d'une santé précaire.
Son sentiment du devoir ne connaissait pas de refus. Après la guerre, Rundstedt
a été vivement critiqué parce qu'il avait fait partie de
cette cour d'honneur qui, en été 1944, devait exclure de l'armée
tous les officiers accusés d'une participation à l'attentat du 20
juillet.
Le
grand talent opérationnel du maréchal était incontestable.
Certes, c'était une faute d'avoir arrêté les divisions blindées
devant Dunkerque en mai 1940, et, en tant que chef à l'Ouest il avait sous-estimé
la supériorité de l'aviation alliée. Mais Rundstedt était
un des meilleurs chefs militaires allemands, modeste, religieux, maître
de soi et intelligent, même francophile. Très respecté et
vénéré dans l'armée, quelques-uns l'appelaient : "le
dernier chevalier". On lui reprochait cependant ses sorties très rares
pour visiter le front.

Rundstedt était plutôt apolitique. Il ne fut pas typique, pour cet
officier très prussien, de demander à Hitier, en juin 1944, de chercher
une solution politique pour mettre fin à une guerre que lui, Rundstedt,
croyait perdue depuis longtemps. Le maréchal penchait vers la passivité
et n'avait pas l'habitude de lutter pour ses idées et ses intérêts,
bien que Hitler ne se refusât que rarement à ses propositions. Mais
Rundstedt s'était résigné et était devenu sarcastique.
Il était à peu près au courant de l'opposition antihitlérienne,
mais il se sentait trop âgé pour y participer. Il encourageait Rommel
qu'il respectait au fond. Il le considérait comme un excellent tacticien
qui ne comprenait pas grand-chose à la stratégie et au commandement
d'un groupe d'armées . Mais Rundstedt n'intervenait pas, connaissant les
bons rapports entre Rommel et Hitier. D'ailleurs, les deux maréchaux, si
différents, étaient plutôt complémentaires sur le théâtre
d'opérations occidental.

Son successeur, depuis le 3 juillet 1944, était le maréchal von
Kluge
, 61 ans et artilleur.
Il avait la réputation d'un bon stratège.
Il était distingué et intelligent, mais également impulsif
et versatile, très énergique, chef militaire exigeant et constamment
au front. Le maréchal Ney de Napoléon était son idéal.
Un chef d'état-major, de Kluge, l'a décrit comme un homme froid,
vain, beau parleur et opportuniste, qui avait deux faces.


Kluge était aussi habile et quelquefois hésitant. Hitler le croyait
son fidèle et, depuis longtemps, avait prévu, non pas Rommel, mais
lui comme successeur de Rundstedt. Kluge arriva nourri des illusions que Hitier
lui avait suggérées, et il devait vite déchanter. Il souffrit
de son échec. Son remplacement par le maréchal Model, le
17 août, portait atteinte à son honneur. Il se suicida pendant son
voyage en Allemagne, avant d'être emprisonné à cause de sa
connaissance du complot du 20 juillet, et parce que Hitier était convaincu
que le maréchal avait cherché un armistice avec les Occidentaux.
Le dictateur était très déçu par Kluge.

Le maréchal Model, 53 ans, des troupes blindées, était
un national-socialiste convaincu qui ne doutait pas du génie de Hitier.
Cela ne l'empêchait pas d'exprimer une opinion contraire le cas échéant
. Il apparaissait constamment au front, savait improviser, mais se distinguait
moins comme stratège dirigeant une offensive. Model était fort dans
la défensive et avait acquis la réputation de savoir "tenir".
Il avait des manières rudes, était impulsif et inconstant et, étant
plutôt désagréable, loin d'être populaire. Pour le front
occidental, sa nomination s'avérait pourtant un bon choix.


Les commandants des groupes d'armées


Le maréchal Rommel, 53 ans, fantassin et sans formation d'état-major,
était le général le plus populaire de la Wehrmacht. La propagande
du ministre Goebbels l'avait présenté au grand public comme une
sorte de héros national. Favori de Hitler, il était en bons rapports
avec le régime. Il admirait le " Fuehrer".
Tous
les deux s'intéressaient aux problèmes techniques et entretenaient
des contacts réguliers.

Rommel était plein de bravoure, de dynamisme, de fantaisie et d'ambition.
Très sûr de lui, il n'épargnait ni ses subordonnés
ni sa propre personne. Il était excellent tacticien, préférait
le front à son état-major, mais était également difficile
pour ses officiers, rude et chaotique. Il avait un penchant au pessimisme et,
entre-temps, beaucoup d'amertume en raison de son échec en Afrique du Nord.

Comme chef du Groupe d'armées B, Rommel réussit à renforcer
considérablement la défense côtière, et voyait juste
en prévoyant une supériorité écrasante de l'aviation
alliée. Le maréchal hésitait encore entre une vénération
enthousiaste du dictateur et l'aversion. Sous l'influence de son chef d'état-major
surtout, le général Speidel, Rommel était disposé
enfin à se joindre à l'opposition antihitiérienne, où
il était pourtant contesté. Mais sa popularité et son prestige
auraient été utiles. Le maréchal lui-aussi ne croyait plus
à une victoire allemande et avait l'idée d'un armistice avec les
Occidentaux, de préférence avant leur débarquement en France.
Qu'il exigeât lui aussi une solution politique pour sortir de la guerre,
était pour Hitler le pire péché qu'un soldat pût commettre

Le général Blaskowitz, 61 ans et fantassin, ressemblait à
Rundstedt. Très apte, mobile, il était un bon instructeur de troupes.
Il manquait d'expérience au front depuis quatre ans,mais cela n'importait
pas. C'était son mérite que deux tiers à peu près
de ses soldats aient réussi à se sauver après l'abandon du
Sud-Ouest et du Sud de la France. On regretta, après la guerre, que Blaskowitz
n'ait pas été à la place de Rommel au commandement du groupe
d'armées plus important

Le maréchal Sperrle, 59 ans, commandait la 3e Flotte aérienne. En
1944, il s'était résigné, le cynisme avait remplacé
ses sympathies antérieures pour le régime nazi. Les moyens dont

il disposait ne correspondaient nullement aux tâches assignees. Sperrle
fut relevé le 18 août 1944, plutôt comme bouc-émissaire
de son chef Goering et de la Luftwaffe toute entière qui avaient profondément
déçu Hitler.



Les commandants des armées


Le commandant de la 7e Armée en Normandie et en Bretagne depuis 1940 était
le général Dollmann, 62 ans et artilleur. Rundstedt attesta
de ses grands talents d'organisateur,de ses efforts infatigables pour achever
la défense côtière et pour l'entraînement de ses troupest.
Dollmann ne manquait pas d'aptitudes, mais plutôt d'expérience du
combat, qu'il ne connaissait plus depuis quatre ans. Sa santé était
précaire. Peu après le débarquement allié dans son
secteur, en juin 1944, Hitler lui reprocha la défense insuffisante de Cherbourg
et le menaça du tribunal de guerre, ce que Rundstedt et Rommel
auraient
refusé. Dollmann aurait certainement été relevé de
son poste. Le 29 juin, le général fut trouvé allongé
inerte sur son lit. L'hôpital certifia une crise cardiaque, et le chef d'état-major
en informa la veuve. Il s'avéra après la guerre qu'en réalité
Dollmann s'était suicidé.

Le général von Salmuth, 57 ans, fantassin et commandant en
chef de cette 5e Armée qui devait rester d'abord immobile sur la Manche,
fut remplacé le 23 août 1944 par le général von Zangen.
Hitier ne le croyait plus apte à bien exercer son commandement.

Le général Geyr von Schweppenburg, 58 ans et commandant le
groupe blindé Ouest, fut limogé au début de juillet 1944.
Geyr s'était distingué comme attaché militaire et au front
de l'Est. On le considérait comme intelligent et réfléchi,
efficace plein d'entrain et excellent instructeur. A cause de sa santé
instable, il ne devait plus être employé au front russe.

Le général von Sodenstern, 54 ans et fantassin, passait pour
un personnage distingué, calme et d'un remarquable talent opérationnel.
Très probablement à cause de son état physique, il fut remplacé
en juin 1944 au commandement de la 9e Armée.

Son successeur, le général Wiese, 61 ans et fantassin, avait
prouvé ses aptitudes au front de l'Est. il était réputé
tenir ferme en cas de crise

Encore plus national-socialiste que Wiese était le jeune général
des troupes blindées, Eberbach, qui avait 49 ans. Cuderian le considérait
comme un des meilleurs commandants de son arme. Au front de l'Est, il avait acquis
des expériences récentes, la réputation d'un bon tacticien
et d'un supérieur très humain. Il avait remplacé Geyr von
Schweppenburg et commandait la 5e Armée blindée avant d'être
capturé en août 1944.


La 1re Armée, après l'avancement de Blaskowitz et le court commandement
du général Lemelsen, était sous les ordres du général
d'infanterie von der Chevallerie qui avait 52 ans. Il était distingué,
très cultivé et modeste. Selon ses supérieurs, il avait bien
rempli sa tâche. Hitler le releva quand même le 5 septembre 1944 sous
prétexte d'une mauvaise santé.


Les
généraux des corps d'armée


Parmi les généraux qui commandaient un corps d'armée sur
le théâtre d'opérations occidental, il y a trois personnages
qui méritent une mention particulière.

En Normandie, le général Marcks qui fêta son 53e anniversaire
le jour du débarquement, artilleur, commandait le LXXXIV CA. Fils d'un
historien et écrivain lui-même, Marcks était considéré
comme très intelligent et énergique. Très estimé dans
l'armée, il aurait encore avancé mais fut tué à Saint-Lô
peu après le débarquement.

Le général SS Hausser, 64 ans, passait pour un des meilleurs
officiers de la SS dont il commandait le 1er Corps blindé. Il s'était
bien battu en Russie, mais avait irrité Hitler par l'indépendance
de ses décisions. Le dictateur le nomma quand même successeur de
Dollmann à la tête dc la 7e Armée. Hausser était audacieux,
compétent et raisonnable. Ses soldats le vénéraient, il était
aussi populaire qu'un autre général SS, Dietrich, qui commandait
le 1er Corps SS et temporairement la 5e Armée blindée. Ses homologues
de l'Armée de Terre le jugeaient bon camarade, sans méchanceté
et plutôt simple. Dietrich était considéré comme un
baroudeur; le commandement d'une grande unité dépassait ses capacités.



Conclusion

Les chefs militaires allemands étaient aussi différenciés
que d'autres groupes sociaux. Il y avait le prussien raide et l'originaire de
l'Allemagne du Sud plus vif, le national-socialiste convaincu et celui qui était
devenu sceptique ou s'était joint à l'opposition en assumant tous
les risques. Il y avait le général apolitique qui se contentait
d'exercer son métier et l'autre qui avait l'espoir que les hommes politiques
chercheraient une solution pour terminer une guerre déjà perdue.
Et presque tous avaient commencé à réfléchir dans
l'attente d'une catastrophe inéluctable.

En commun, ils avaient la fierté et la dignité d'une position sociale
élevée, une forte aptitude à l'exercice de leur profession,
une grande expérience guerrière, le patriotisme et cet opportunisme
qu'il fallait dans une dictature. A la fin, sauf quelques exceptions, ils ne répondaient
plus aux exigences démesurées de Hitler. Ce dernier ne voulait pas
comprendre que la cause des revers subis à l'Ouest ne fut pas la défaillance
des chefs militaires, leur manque d'énergie et de fanatisme, mais la supériorité
écrasante des Alliés à laquelle rien d'équivalent
ne pouvait plus être opposé.>>




H. Julien "Le Guide du Débarquement de Provence" (Éditions
de Provence 1994) Pages 27 à 43.

-Hans
UMBREIT Institut historique nillitaire de la Bundeswehr(Communication lors du
Colloque International "La libération de la Provence - Les Armées
de la liberté" Fréjus 15 et 16 septembre 1994)


Amitiés
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