6 juin 1944, mon débarquement (le devoir de mémoire) Le jour le plus long, aussi bien vu du côté Allemand que de celui des alliés. Ce n'est pas Band of Brothers ni même le Soldat Ryan! |
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| Analyse des principaux généraux | |
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severlow Admin
Nombre de messages : 1909 Age : 74 Localisation : La Houssaye Loisirs : météo, sciences, maths, histoire Date d'inscription : 17/05/2007
| Sujet: Analyse des principaux généraux Ven 20 Juin - 1:35 | |
| Les commandants en chef
Le maréchal von Rundstedt, fantassin, âgé de 68 ans en 1944, était le doyen du corps d'officiers allemands. Il avait été mis à la retraite avant la guerre, fut plusieurs fois rappelé et renvoyé, toujours sous prétexte d'une santé précaire. Son sentiment du devoir ne connaissait pas de refus. Après la guerre, Rundstedt a été vivement critiqué parce qu'il avait fait partie de cette cour d'honneur qui, en été 1944, devait exclure de l'armée tous les officiers accusés d'une participation à l'attentat du 20 juillet. Le grand talent opérationnel du maréchal était incontestable. Certes, c'était une faute d'avoir arrêté les divisions blindées devant Dunkerque en mai 1940, et, en tant que chef à l'Ouest il avait sous-estimé la supériorité de l'aviation alliée. Mais Rundstedt était un des meilleurs chefs militaires allemands, modeste, religieux, maître de soi et intelligent, même francophile. Très respecté et vénéré dans l'armée, quelques-uns l'appelaient : "le dernier chevalier". On lui reprochait cependant ses sorties très rares pour visiter le front. Rundstedt était plutôt apolitique. Il ne fut pas typique, pour cet officier très prussien, de demander à Hitier, en juin 1944, de chercher une solution politique pour mettre fin à une guerre que lui, Rundstedt, croyait perdue depuis longtemps. Le maréchal penchait vers la passivité et n'avait pas l'habitude de lutter pour ses idées et ses intérêts, bien que Hitler ne se refusât que rarement à ses propositions. Mais Rundstedt s'était résigné et était devenu sarcastique. Il était à peu près au courant de l'opposition antihitlérienne, mais il se sentait trop âgé pour y participer. Il encourageait Rommel qu'il respectait au fond. Il le considérait comme un excellent tacticien qui ne comprenait pas grand-chose à la stratégie et au commandement d'un groupe d'armées . Mais Rundstedt n'intervenait pas, connaissant les bons rapports entre Rommel et Hitier. D'ailleurs, les deux maréchaux, si différents, étaient plutôt complémentaires sur le théâtre d'opérations occidental. Son successeur, depuis le 3 juillet 1944, était le maréchal von Kluge, 61 ans et artilleur. Il avait la réputation d'un bon stratège. Il était distingué et intelligent, mais également impulsif et versatile, très énergique, chef militaire exigeant et constamment au front. Le maréchal Ney de Napoléon était son idéal. Un chef d'état-major, de Kluge, l'a décrit comme un homme froid, vain, beau parleur et opportuniste, qui avait deux faces. Kluge était aussi habile et quelquefois hésitant. Hitler le croyait son fidèle et, depuis longtemps, avait prévu, non pas Rommel, mais lui comme successeur de Rundstedt. Kluge arriva nourri des illusions que Hitier lui avait suggérées, et il devait vite déchanter. Il souffrit de son échec. Son remplacement par le maréchal Model, le 17 août, portait atteinte à son honneur. Il se suicida pendant son voyage en Allemagne, avant d'être emprisonné à cause de sa connaissance du complot du 20 juillet, et parce que Hitier était convaincu que le maréchal avait cherché un armistice avec les Occidentaux. Le dictateur était très déçu par Kluge. Le maréchal Model, 53 ans, des troupes blindées, était un national-socialiste convaincu qui ne doutait pas du génie de Hitier. Cela ne l'empêchait pas d'exprimer une opinion contraire le cas échéant . Il apparaissait constamment au front, savait improviser, mais se distinguait moins comme stratège dirigeant une offensive. Model était fort dans la défensive et avait acquis la réputation de savoir "tenir". Il avait des manières rudes, était impulsif et inconstant et, étant plutôt désagréable, loin d'être populaire. Pour le front occidental, sa nomination s'avérait pourtant un bon choix.
Les commandants des groupes d'armées
Le maréchal Rommel, 53 ans, fantassin et sans formation d'état-major, était le général le plus populaire de la Wehrmacht. La propagande du ministre Goebbels l'avait présenté au grand public comme une sorte de héros national. Favori de Hitler, il était en bons rapports avec le régime. Il admirait le " Fuehrer".Tous les deux s'intéressaient aux problèmes techniques et entretenaient des contacts réguliers. Rommel était plein de bravoure, de dynamisme, de fantaisie et d'ambition. Très sûr de lui, il n'épargnait ni ses subordonnés ni sa propre personne. Il était excellent tacticien, préférait le front à son état-major, mais était également difficile pour ses officiers, rude et chaotique. Il avait un penchant au pessimisme et, entre-temps, beaucoup d'amertume en raison de son échec en Afrique du Nord. Comme chef du Groupe d'armées B, Rommel réussit à renforcer considérablement la défense côtière, et voyait juste en prévoyant une supériorité écrasante de l'aviation alliée. Le maréchal hésitait encore entre une vénération enthousiaste du dictateur et l'aversion. Sous l'influence de son chef d'état-major surtout, le général Speidel, Rommel était disposé enfin à se joindre à l'opposition antihitiérienne, où il était pourtant contesté. Mais sa popularité et son prestige auraient été utiles. Le maréchal lui-aussi ne croyait plus à une victoire allemande et avait l'idée d'un armistice avec les Occidentaux, de préférence avant leur débarquement en France. Qu'il exigeât lui aussi une solution politique pour sortir de la guerre, était pour Hitler le pire péché qu'un soldat pût commettre Le général Blaskowitz, 61 ans et fantassin, ressemblait à Rundstedt. Très apte, mobile, il était un bon instructeur de troupes. Il manquait d'expérience au front depuis quatre ans,mais cela n'importait pas. C'était son mérite que deux tiers à peu près de ses soldats aient réussi à se sauver après l'abandon du Sud-Ouest et du Sud de la France. On regretta, après la guerre, que Blaskowitz n'ait pas été à la place de Rommel au commandement du groupe d'armées plus important Le maréchal Sperrle, 59 ans, commandait la 3e Flotte aérienne. En 1944, il s'était résigné, le cynisme avait remplacé ses sympathies antérieures pour le régime nazi. Les moyens dont il disposait ne correspondaient nullement aux tâches assignees. Sperrle fut relevé le 18 août 1944, plutôt comme bouc-émissaire de son chef Goering et de la Luftwaffe toute entière qui avaient profondément déçu Hitler.
Les commandants des armées
Le commandant de la 7e Armée en Normandie et en Bretagne depuis 1940 était le général Dollmann, 62 ans et artilleur. Rundstedt attesta de ses grands talents d'organisateur,de ses efforts infatigables pour achever la défense côtière et pour l'entraînement de ses troupest. Dollmann ne manquait pas d'aptitudes, mais plutôt d'expérience du combat, qu'il ne connaissait plus depuis quatre ans. Sa santé était précaire. Peu après le débarquement allié dans son secteur, en juin 1944, Hitler lui reprocha la défense insuffisante de Cherbourg et le menaça du tribunal de guerre, ce que Rundstedt et Rommel auraient refusé. Dollmann aurait certainement été relevé de son poste. Le 29 juin, le général fut trouvé allongé inerte sur son lit. L'hôpital certifia une crise cardiaque, et le chef d'état-major en informa la veuve. Il s'avéra après la guerre qu'en réalité Dollmann s'était suicidé. Le général von Salmuth, 57 ans, fantassin et commandant en chef de cette 5e Armée qui devait rester d'abord immobile sur la Manche, fut remplacé le 23 août 1944 par le général von Zangen. Hitier ne le croyait plus apte à bien exercer son commandement. Le général Geyr von Schweppenburg, 58 ans et commandant le groupe blindé Ouest, fut limogé au début de juillet 1944. Geyr s'était distingué comme attaché militaire et au front de l'Est. On le considérait comme intelligent et réfléchi, efficace plein d'entrain et excellent instructeur. A cause de sa santé instable, il ne devait plus être employé au front russe. Le général von Sodenstern, 54 ans et fantassin, passait pour un personnage distingué, calme et d'un remarquable talent opérationnel. Très probablement à cause de son état physique, il fut remplacé en juin 1944 au commandement de la 9e Armée. Son successeur, le général Wiese, 61 ans et fantassin, avait prouvé ses aptitudes au front de l'Est. il était réputé tenir ferme en cas de crise Encore plus national-socialiste que Wiese était le jeune général des troupes blindées, Eberbach, qui avait 49 ans. Cuderian le considérait comme un des meilleurs commandants de son arme. Au front de l'Est, il avait acquis des expériences récentes, la réputation d'un bon tacticien et d'un supérieur très humain. Il avait remplacé Geyr von Schweppenburg et commandait la 5e Armée blindée avant d'être capturé en août 1944.
La 1re Armée, après l'avancement de Blaskowitz et le court commandement du général Lemelsen, était sous les ordres du général d'infanterie von der Chevallerie qui avait 52 ans. Il était distingué, très cultivé et modeste. Selon ses supérieurs, il avait bien rempli sa tâche. Hitler le releva quand même le 5 septembre 1944 sous prétexte d'une mauvaise santé.
Les généraux des corps d'armée
Parmi les généraux qui commandaient un corps d'armée sur le théâtre d'opérations occidental, il y a trois personnages qui méritent une mention particulière. En Normandie, le général Marcks qui fêta son 53e anniversaire le jour du débarquement, artilleur, commandait le LXXXIV CA. Fils d'un historien et écrivain lui-même, Marcks était considéré comme très intelligent et énergique. Très estimé dans l'armée, il aurait encore avancé mais fut tué à Saint-Lô peu après le débarquement. Le général SS Hausser, 64 ans, passait pour un des meilleurs officiers de la SS dont il commandait le 1er Corps blindé. Il s'était bien battu en Russie, mais avait irrité Hitler par l'indépendance de ses décisions. Le dictateur le nomma quand même successeur de Dollmann à la tête dc la 7e Armée. Hausser était audacieux, compétent et raisonnable. Ses soldats le vénéraient, il était aussi populaire qu'un autre général SS, Dietrich, qui commandait le 1er Corps SS et temporairement la 5e Armée blindée. Ses homologues de l'Armée de Terre le jugeaient bon camarade, sans méchanceté et plutôt simple. Dietrich était considéré comme un baroudeur; le commandement d'une grande unité dépassait ses capacités.
Conclusion
Les chefs militaires allemands étaient aussi différenciés que d'autres groupes sociaux. Il y avait le prussien raide et l'originaire de l'Allemagne du Sud plus vif, le national-socialiste convaincu et celui qui était devenu sceptique ou s'était joint à l'opposition en assumant tous les risques. Il y avait le général apolitique qui se contentait d'exercer son métier et l'autre qui avait l'espoir que les hommes politiques chercheraient une solution pour terminer une guerre déjà perdue. Et presque tous avaient commencé à réfléchir dans l'attente d'une catastrophe inéluctable. En commun, ils avaient la fierté et la dignité d'une position sociale élevée, une forte aptitude à l'exercice de leur profession, une grande expérience guerrière, le patriotisme et cet opportunisme qu'il fallait dans une dictature. A la fin, sauf quelques exceptions, ils ne répondaient plus aux exigences démesurées de Hitler. Ce dernier ne voulait pas comprendre que la cause des revers subis à l'Ouest ne fut pas la défaillance des chefs militaires, leur manque d'énergie et de fanatisme, mais la supériorité écrasante des Alliés à laquelle rien d'équivalent ne pouvait plus être opposé.>>
H. Julien "Le Guide du Débarquement de Provence" (Éditions de Provence 1994) Pages 27 à 43. -Hans UMBREIT Institut historique nillitaire de la Bundeswehr(Communication lors du Colloque International "La libération de la Provence - Les Armées de la liberté" Fréjus 15 et 16 septembre 1994)
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