Un extrait, assez long, mais pour comprendre il le fallait, de ce qui pouvait se passer lorsque l'on parlait de débarquement en France occupée, dans la résistance.Je vous conseille bien sûr le site d'où est tiré l'extrait qui va suivre:http://www.crdp-reims.fr/memoire/enseigner/memoire_reseaux/prosper.htm"
Les polémiques
autour du prétendu " Pacte d'honneur " Aujourd'hui
encore se pose la question – non totalement élucidée
par les historiens – , de savoir si oui ou non en
1943, les services
secrets britanniques de l'Intelligence
Service aux ordres ou couverts par le gouvernement britannique,
ont commandité ou
laissé faire le retournement
d'un ou plusieurs agents du réseau SOE Physician-Prosper,
qui auraient livré aux Allemands
les dépôts d'armes et sacrifié délibérément
de nombreux agents britanniques, français et belges, arrêtés, torturés,
déportés,
dans le but d'intoxiquer
le commandement allemand et de lui faire croire à
un
débarquement imminent à travers le Pas de Calais.
À l'automne 1942, lorsque le
major SUTTILL est venu implanter en France le réseau Physician-Prosper, l'état-major du SOE n'écartait certes pas l'eventualité d'un débarquement allié pouvant intervenir dès l'année1943, mais aucune date n'avait été avancée.
C'est dans cette perspective que
Jean WORMS et
Jacques
WEIL, industriels
juifs, initiateurs du
sous-réseau
Juggler / Robin-Buckmaster, avaient constitué dans la région de
Châlons
sur Marne-Vitry le François, une dizaine de
groupes « prêts à effectuer
des actions de sabotage lorsque le Jour J sera[it] venu »,
et avaient organisé avec succès quatre
opérations
importantes de parachutage d'armes et d'explosifs, stockés
à
Chatelraoud,
Thibie,
et
Loisy sur Marne.
La
question qui continue
de faire problème est de savoir
si
un ou plusieurs des agents SOE,
arrêtés
au cours de l'été
1943,
ont fini par parler sous la
torture ou ont accepté de conclure avec
les chefs de la Gestapo, sur ordre des services secrets britanniques, un accord par lequel ils s'engageaient à livrer
tous les dépôts d'armes et les résistants français à leur service,
en échange de quoi ces derniers auraient la vie sauve, bénéficieraient
du statut de prisonniers[/size]
de guerre, seraient internés, et
leur sécurité garantie jusqu'à la fin du conflit.
Selon
le témoignage de résistants ardennais, Armel GUERNE a exposé
et justifié les termes de ce « Pacte »,
lorsqu'il a accompagné la Gestapo venu les arrêter, propos réaffimés ultérieurement,
lorsqu'ils se sont retrouvés avec lui au camp de Compiègne
avant d'être déportés en Allemagne. Georges LEFÈVRE a décrit les circonstances de son arrestation à Carignan, le 1er septembre 1943 : Armel GUERNE, qui dirigeait depuis Paris le groupe de Muno, lui a présenté la moitié d'un billet de dix francs, signe de reconnaissance du réseau Physician-Prosper, accompagné d'un groupe d'hommes inconnus qui étaient des agents de la Gestapo venus de Paris et de Saint-Quentin.
Dans un rapport écrit intitulé "
Gaspard [ pseudo d'Armel Guerne ] et la Résistance à Muno ", retrouvé par Annette BIAZOT dans les papiers que lui a laissés son père en lui demandant de ne les ouvrir qu'après sa mort, Gaston BIAZOT relate que, lorsqu'il a été arrêté en même temps que Marcel GODFRIN, le 2 septembre 1943, et qu'ils ont été confrontés à Georges LEFÈVRE, les Allemands leur ont déclaré : « Nous
en savons plus que vous ; inutile de nier ; vous ne serez pas fusillés
; c'est un arrangement de nos services avec les Anglais ». Selon lui, les Allemands connaissaient tout : les
dates, le nombre de parachutages et des containers, leur contenu, le
nombre de participants et même les endroits où étaient cachées les
armes, en particulier le dépôt du maquis du Banel
Lorsque Georges LEFÈVRE, Marcel GODFRIN et Gaston BIAZOT ont retrouvé Armel GUERNE au camp de Compiègne , celui-ci leur a déclaré qu'il avait parlé pour épargner des vies humaines,
que les Allemands lui avait promis de ne fusiller personne à condition
de trouver les dépôts d'armes, et que les résistants arrêtés seraient
considérés comme des militaires et placés dans un camp spécial.
Selon son propre témoignage et sa biographie établie par par Charles LE BRUN, après son arrestation à Paris, Armel GUERNE a été interné à Fresnes le 1er juillet 1943, et maintenu au secret pendant quatre mois dans la cellule 311, avant d'être transféré au camp de Compiègne en novembre 1943. Il a été déporté à Buchenwald le 17 janvier 1944, mais il est parvenu à s'évader du train à Faux dans le département des Ardennes.
Le nom d'Armel GUERNE ne figure pas sur la liste du convoi parti de Compiègne le 17 janvier et arrivé à Buchenwald le 19 janvier 1944, qui a été publiée dans le Livre-Mémorial des déportés de France. Mais on n'y trouve pas non plus le nom d'un autre évadé, André GUERRE, membre du groupe Robin-Buckmaster de Vitry le François.
La liste nominative établie au départ ce convoi n'ayant jamais été
retrouvée, nous ne disposons en effet que de la liste ètablie à
l'arrivée à Buchenwald. André GUERRE a témoigné après la guerre et raconté comment il s'est réfugié dans une petite maison et y a été hébergé par Monsieur CUIF, propriétaire d'une ferme confisquée par un chef de culture allemand, et comment il a été ensuite pris en charge par un contrôleur de la SNCF, amené à la lampisterie de la gare d'Amagne-Lucquy, puis embarqué dans un wagon serre-frein d'un train de messageries qui l'a déposé à 5 heures du matin en gare de La Villette.
Gaston BIAZOT, Marcel GODFRIN et Georges LEFÈVRE, dans une lettre collective datée du 16 janvier 1944 qu'ils ont pu faire parvenir clandestinement depuis le camp de Compiègne à leurs familles, y déclaraient qu'ils y avaient retrouvé Gaspard, alias Armel GUERNE, et que ce dernier faisait partie du convoi qui devait les emmener le lendemain « à l'Est de la France ou en Allemagne ». À leur retour de déportation, ils ont confirmé la présence de GUERNE dans le convoi du 17 janvier 1944, et exprimé leur conviction que son évasion avait été arrangée.
L'historien ardennais Philippe LECLER a établi que le convoi s'est bien arrêté dans la soirée du 17 janvier 1944 sur le territoire de la commune de Faux, près d'Amagne-Lucquy, qu'il y a bien eu plusieurs évasions, que deux déportés évadés ont été abattus, et que la description que fait GUERNE de son évasion correspond bien à la configuration des lieux. Il a également recueilli le témoignage de la fille de Monsieur et Madame ROUVENACH, gardes-barrière à Amagne-Lucquy, chez qui GUERNE a trouvé refuge, et qui lui ont fourni des vêtements et des faux-papiers, avant de le confier aux cheminots du dépôt d'Amagne- Lucquy, qui l'ont caché dans un wagon postal dont la destination était Paris.
Toujours selon son propre témoignage, Armel GUERNE est revenu à Paris déguisé en cheminot sous le nom de Monsieur PLANCHE et s'est caché chez Albert NIZET, un libraire belge de la rue Dauphine. En mars 1944, il a repris du service dans le réseau d'évasion Bourgogne qui l'a chargé de convoyer vers l'Espagne une dizaine d'aviateurs alliés. Il s'est rendu à Gibraltar, d'où il a été amené par avion en Angleterre. Il y a été interné pendant six mois au centre d'interrogation de Patriotic School, puis au camp spécial et secret d'Oratory School.
Remis en liberté en octobre 1944, il a donné des cours à l'Alliance française et à l'Institut français du Royaume-Uni, et il a eu une liaison avec Marie-Thérèse WOOG, pseudo Maïthé, une pianiste juive, ancienne agent SOE du réseau Jockey implanté dans la Drôme.
Rentré en France le 30 mai 1945, il s'est installé près de Marmande, sous le nom de Monsieur ARNAUD, et a rencontré Georges BERNANOS dont il est devenu l'ami.
Inculpé en 1946 d'atteinte à la sécurité extérieure de l'État par la Cour de Justice de la Seine, Armel GUERNE a bénéficié d'un non lieu et l'affaire a été classée le 23 juin 1947.
Son épouse, Jeanne, l'a quitté à son retour de déportation, mais est restée en relation avec lui. Elle est devenue la secrétaire de BERNANOS et a aussi apporté son aide au Chanoine OSTY dans sa traduction de la Bible."
Amitiés